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Engagements et responsabilités pour sa filiale allemande

Soutiens, engagements et responsabilités entre une maison mère française et sa filiale allemande

La gestion des soutiens, des engagements et des responsabilités entre une maison mère française et sa filiale en Allemagne est très importante et recouvre des aspects juridiques, financiers, organisationnels et opérationnels.

 

1. Soutiens financiers dans les relations entre une maison mère française et sa filiale allemande

Une maison mère française doit souvent offrir des garanties pour soutenir, surtout en phase de lancement ou de crises, les opérations de sa filiale en Allemagne. Ces garanties peuvent inclure plusieurs formes notamment :

  1. Cautions bancaires : ces garanties impliquent que la maison mère s’engage à couvrir les obligations financières contractées par la filiale envers des tiers, telles que des prêts bancaires ou des lignes de crédit. Ces engagements doivent être dûment documentés pour répondre aux exigences des banques locales et éviter tout conflit juridique.
  2. Garanties sur emprunts : ces engagements concernent le remboursement des emprunts contractés par la filiale, souvent sous forme de lettres de confort ou de garanties explicites. La maison mère doit justifier que ces garanties sont proportionnelles à la capacité financière de la filiale pour éviter une requalification comme financement déloyal.
  3. Abandon de créances avec une clause de retour à meilleure fortune. Un instrument fréquemment utilisé en cas de crise financière est l’abandon de créances avec une clause de retour à meilleure fortune. Dans ce cas, la maison mère renonce temporairement à ses créances sur la filiale, à condition que celles-ci soient remboursées en cas d’amélioration de la situation économique. Cet instrument présente les avantages suivants :
  • allègement de la trésorerie : La filiale bénéficie d’une flexibilité financière à court terme sans que la maison mère perde définitivement ses créances.
  • optimisation fiscale : ces accords peuvent, sous certaines conditions, être considérés comme des charges fiscalement déductibles.

Exemple concret : Une maison mère française renonce à un prêt de 1 million d’euros pour permettre à sa filiale en Allemagne de se restructurer. Une clause de retour à meilleure fortune stipule que le prêt sera progressivement remboursé si la filiale atteint un excédent annuel d’au moins 500 000 euros.

2. Engagements dans le cadre des relations entre une maison mère française et sa filiale allemande

1. Engagements commerciaux : ils concernent des garanties offertes par la maison mère en lien avec des contrats commerciaux, tels que le respect des délais de livraison ou la performance des produits. Ces garanties sont courantes dans les contrats internationaux et permettent de renforcer la crédibilité de la filiale allemande sur le marché local tout en préservant la réputation du groupe.

2. Engagements liés aux produits et/ou aux services : les règlementations imposent des normes strictes de qualité et de conformité. Une maison mère française peut garantir que les produits ou services de sa filiale respectent les normes locales en mettant en place des audits réguliers pour évaluer les processus de production et de distribution en Allemagne.

Elle peut également organiser des formations spécifiques pour les équipes locales afin d’assurer la maîtrise des standards réglementaires et industriels locaux. Enfin, l’implémentation de systèmes de contrôle qualité adaptés, avec un suivi rigoureux des indicateurs de performance, permet d’anticiper et de corriger rapidement tout écart.

3. Engagements croisés : accords dans lesquels plusieurs filiales apportent des garanties pour soutenir les obligations intragroupes, une pratique courante dans les grands groupes.

3. Responsabilités

Lors de difficultés financières de la filiale allemande, les tribunaux examinent plusieurs éléments pour déterminer si la maison mère française peut être tenue responsable.

1. Autonomie de la filiale. Les filiales sont considérées comme des entités juridiques indépendantes. Toutefois, une maison mère française qui interfère de manière excessive dans les opérations de sa filiale allemande pourrait être tenue responsable des actes ou dettes de celle-ci.

Pour éviter d’être considérée comme un simple « bras opérationnel », la maison mère doit respecter l’autonomie de gestion de sa filiale. Cela implique de limiter les interventions aux décisions stratégiques plutôt que d’impliquer directement dans les activités quotidiennes de la filiale, veiller à ce que les contrats intragroupes précisent clairement les responsabilités respectives des deux entités, documenter les échanges et directives pour montrer que la filiale agit de manière indépendante dans l’exécution de ses opérations commerciales.

2. Le cadre juridique impose des exigences rigoureuses sur la documentation et la justification des garanties offertes par la maison mère française. Si la documentation n’est pas claire, cela peut entraîner des sanctions fiscales, des litiges ou une remise en question de la légitimité des garanties. Des audits financiers approfondis sont requis pour évaluer la conformité, mais il est également crucial de maintenir une communication transparente entre les entités, de centraliser la gestion documentaire et d’assurer une mise à jour régulière pour éviter les erreurs et assurer une traçabilité complète.

3. Compliance et contrôle interne : la mise en place d’un système de contrôle interne est indispensable pour surveiller les activités de la filiale et garantir la conformité aux lois locales.

Un groupe français opérant en Allemagne peut par exemple instaurer des audits trimestriels pour vérifier la conformité des processus opérationnels et financiers. Des indicateurs clés de performance (KPI) adaptés, comme le taux de conformité réglementaire ou le nombre de contrôles réussis, peuvent être suivis régulièrement. En outre, des formations obligatoires sur les réglementations locales pour les équipes de la filiale et la désignation d’un responsable conformité dédié en Allemagne renforcent l’efficacité du système.

4. Optimisation

  1. Optimisation des garanties : afin de réduire les coûts financiers et limiter les risques, la maison mère doit établir des mécanismes clairs pour encadrer les garanties offertes à sa filiale allemande. Cela inclut des accords explicites sur les conditions de soutien financier, prévoyant des plafonds et des durées limites pour ces garanties. Par ailleurs, il est recommandé d’effectuer des évaluations périodiques pour vérifier l’efficacité et la pertinence des garanties accordées, ainsi que leur impact sur la trésorerie et la situation financière globale du groupe.
  2. Mécanismes de résolution des conflits : il est essentiel de prévoir des clauses contractuelles détaillées pour éviter des litiges entre la maison mère et sa filiale. Ces clauses doivent couvrir les modalités d’intervention en cas de litige, notamment en ce qui concerne les garanties financières, et inclure des procédures d’arbitrage ou de médiation. L’élaboration de ces clauses doit être effectuée en concertation avec des juristes spécialisés en droit franco-allemand afin de garantir leur conformité aux lois des deux pays.
  3. Limitation des flux intragroupes : la loi interdit certaines formes de garanties qui pourraient être considérées comme un soutien abusif. Par exemple, si une maison mère française offre des garanties illimitées sans justification économique claire ou impose des prêts à taux nuls à sa filiale, ces actes pourraient être requalifiés par les tribunaux allemands. Pour éviter cela, il est essentiel de structurer les flux financiers de manière transparente en s’appuyant sur des contrats solides, en respectant les principes de pleine concurrence, et en justifiant chaque transaction par des analyses de rentabilité et de besoins concrets de la filiale.

5. Directions distinctes, un levier pour des garanties et responsabilités mieux définies

L’instauration de directions distinctes entre une maison mère française et sa filiale allemande présente plusieurs avantages concrets dans le contexte des garanties et responsabilités.

  1. Autonomie opérationnelle pour les garanties financières : la filiale allemande peut négocier et gérer ses propres garanties financières (telles que les cautions bancaires ou garanties sur emprunts) de manière adaptée aux réalités locales. Par exemple, cela évite que la maison mère soit directement impliquée dans des litiges liés à des obligations commerciales spécifiques.
  2. Limitation des responsabilités croisées : avec des directions distinctes, la maison mère réduit les risques d’être considérée comme co-responsable en cas d’insolvabilité de la filiale. Par exemple, une gestion indépendante des flux financiers permet de prévenir des accusations de soutien abusif.
  3. Clarté dans la gouvernance des garanties intragroupes : une maison mère qui se concentre sur la stratégie globale, tout en déléguant l’opérationnel à la filiale, peut s’assurer que les garanties croisées ou engagements commerciaux respectent les normes de pleine concurrence. Cette approche est cruciale pour éviter des requalifications fiscale ou juridique.
  4. Meilleure gestion des risques, meilleure gouvernance : avec une direction autonome, la filiale peut identifier rapidement des problèmes locaux, tels que des changements réglementaires impactant les garanties, et y répondre sans dépendre des processus décisionnels plus longs de la maison mère.

Des directions distinctes permettent également une surveillance accrue et équilibrée des activités de la filiale. Par exemple, la maison mère peut superviser les objectifs stratégiques sans interférer dans les détails d’exécution quotidiens.

Les garanties et responsabilités entre une maison mère française et sa filiale en Allemagne exigent une organisation adaptée. Cela passe par une compréhension des règles locales, une gestion rigoureuse des garanties et un alignement stratégique entre les deux entités.

L’instauration de directions distinctes pour la maison mère et la filiale permet de renforcer l’autonomie opérationnelle de chacune. En confiant à la maison mère les décisions stratégiques globales et à la filiale la gestion des opérations locales, les groupes français peuvent non seulement minimiser les risques, mais aussi améliorer leurs performances tout en renforçant leur position sur le marché allemand.

Cet article n’a pas de valeur juridique et se base uniquement sur des expériences vécues de direction d’entreprises françaises et de leurs filiales en Allemagne.

Les entités de vif Solutions accompagnent depuis plus de 20 ans les entreprises et les institutions publiques sur les marchés allemand et français.

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Dominique Cherpin